Le clair de lune était si doux que les montagnes paraissaient toutes proches ; les divinités de la nuit chuchotaient aux frontières de la ville, là où les derniers trottoirs sont comme des quais devant la mer des champs et des prairies ; on pourrait s’y embarquer, partir, voguer sur les flots jaunes des blés mûrs ou sur l’onde verte de l’herbe tendre ; ceux qui restent à l’extrême café, là-bas, au bout de ce quartier de ville qui s’avance comme un promontoire dans la mer des champs, ceux qui restent agitent des mouchoirs et lèvent la main en signe de salut : -Sois heureux ! Lebe wohl ! Que la fortune te soit propice ! Bonne chance !
Page 73 Le Voyage angoissé (1913)